Présentation

A la Croisée des Mondes est une trilogie écrite par Philip Pullman.

Pour qui ? 

Je le conseille aux lecteurs à partir de treize/quatorze ans, mais je continue de penser qu'il est encore mieux approprié aux seize-vingt ans et plus.

Tome 1 : Les Royaumes du Nord

Quatrième de couverture :

Pourquoi la jeune Lyra, élevée dans l'atmosphère confinée du prestigieux Jordan College, est-elle l'objet de tant d'attentions ? De quelle mystérieuse mission est-elle investie ? Lorsque son meilleur ami disparaît, victime des ravisseurs d'enfants qui opèrent dans le pays, elle se lance sur ses traces. Un périlleux voyage vers le Grand Nord, qui lui révélera ses extraordinaires pouvoirs et la conduira à la frontière d'un autre monde.

Mon avis

A lire la quatrième de couverture, on a l'impression d'un roman de Fantasy un peu basique : une jeune héroïne au centre de l'attention, qui part héroïquement à la recherche de son meilleur ami disparu. Et puis on a peut-être pu voir le film, qui pourtant, ne témoigne pas assez de l'ambiance réelle du livre. 

Seulement, ce premier tome de la trilogie A la Croisée des Mondes est unique. Te voici plongée dans un Oxford parallèle dont la technologie fait penser à celle de notre XIX° siècle, mais sans la saleté de la révolution industrielle, et avec tout de même un recul plus moderne. La jeune Lyra est une petite fille dissipée, presque garçon manqué, qui a grandi dans les locaux froids, érudits et où l'enfance n'a pas sa place, de la prestigieuse université d'Oxford où son oncle Lord Asriel l'a déposée à sa naissance. N'arrivant pas à adopter l'austérité de ses maîtres, Lyra et son daemon Pantalaimon ne cessent de désobéir aux ordres, de courir sur les toits de l'université, de se salir, de mentir, de fouiner, d'organiser des mini-guerres contre les gitans. 

Qu'est-ce que le daemon ? Cette idée t'a tout simplement fascinée : c'est l'idée que l'âme de chacun soit représentée par un animal qui suivrait son "maître" partout où il irait. Relié à lui par un lien invisible, il ne peut s'en éloigner. Dans le cas de Lyra, son daemon n'a pas encore de forme fixe, car son caractère, comme celui de tous les enfants, n'est pas encore constant.

La vie d'enfant de Lyra est bouleversée quand les Enfourneurs, des inconnus terriblement redoutés qui enlèvent les enfants, viennent sévir à Oxford. D'ailleurs, voilà que Roger, le meilleur ami de Lyra, disparaît... 

La réapparition de Lord Asriel, sa découverte en ce qui concerne une mystérieuse Poussière - que l'imposante institution religieuse Magisterium s'efforce de cacher par tous les moyens, même l'assassinat -, l'arrivée à l'université de la belle et fascinante Madame Coulter et son empressement à emmener la jeune fille avec elle, vont entraîner Lyra vers les glaciaux et mystérieux Royaumes du Nord.

On n'assiste pas à un voyage dans ce livre, on plonge au coeur d'une société parfaitement organisée, complexe, effrayante, fascinante, et chaque instant tient en haleine. C'est peut-être une petite fille de douze ans qui évolue dans ce monde d'adultes, mais cela ne fait pas de ce roman une histoire enfantine, loin de là. L'intrigue est aussi sombre qu'elle est poétique, et si vous suivez les traces de cette enfant qui se découvre un don mystérieux pour le déchiffrage de cet instrument rare et extraordinaire qu'est l'aléthiomètre, vous aurez la chair de poule ; pas de peur, mais d'émerveillement et, aussi, d'horreur.

Un livre magistral, émouvant, effrayant, avec un auteur impitoyable pour ses héros, mais tellement talentueux... A lire absolument.

Tome 2 : La Tour des Anges

Quatrième de couverture

 Le jeune Will, à la recherche de son père disparu depuis des années, croit avoir tué un homme.

Dans sa fuite, il franchit la brèche qui lui permet de passer dans un monde parallèle. Là, à Cittàgazze, la ville au-delà de l'Aurore, il rencontre Lyra. Les deux enfants devront lutter contre les forces obscures du mal et, pour accomplir leur quête, pénétrer dans la mystérieuse tour des Anges. Le deuxième tome de la célèbre trilogie de Philip Pullman nous entraîne à nouveau dans un univers, étrange et envoûtant, immensément riche de découvertes et d'émotions. 

 Mon avis

 Déjà, le tome 1 terminait sur une touche sombre, et voilà que ce tome 2 s'ouvre sur un tout nouveau personnage, Will, jeune homme dont le père a disparu et dont la mère semble avoir perdu la raison. On est perdu : Will vit dans l'Oxford de notre monde. Tout ne va pas bien pour lui, et c'est pire lorsque, par accident, il devient meurtrier... Il fuit, débouche en suivant un chat errant dans un monde totalement étranger, qui n'est pas non plus celui de Lyra. C'est un monde où les adultes n'existent pas, ou plutôt n'existent plus : de mystérieux spectres les ont tous tués. Les enfants, livrés à eux-mêmes, forment des clans parfois violents dans cette ville fantôme, et leur petite vie est rythmée par les pertes de grands frères et grandes soeurs, car ici, à Cittàgaze, ceux qui fêtent leurs dix-huit ans s'aperçoivent que les rues sont truffées de spectres et deviennent immédiatement leurs proies. Philip Pullman dépeint ici avec brio la peur que peut représenter un passage à l'âge adulte, et en même temps, nous montre des enfants bien loin déjà... de leur enfance. C'est dans cette ville en suspens que Will tombe sur Lyra, Pantalaimon et le fabuleux aléthiomètre. Will veut retrouver son père, et il semble que Lyra aussi. Seuls face à l'adversité, ils font route ensemble et subissent à deux les tourments qui ne devraient jamais arriver à des enfants. Un nouvel objet magique entre en scène, un couteau extraordinaire qui permet non seulement d'ouvrir des fenêtres sur les quantités de mondes parallèles, mais aussi de combattre les spectres mortels. Mais le posséder, c'est perdre quelque chose de soi-même...

Plus effrayant encore que le premier tome, plus sombre, plus impitoyable, ce livre où les sorcières cottoient des anges, si poétiques et si mélancoliques, a le don de faire battre ton coeur, si fort, si crûment. La première fois que tu l'as lu, tu n'as pas pu le finir tant tu le trouvais dur, mais tu avais dix ans. Tu l'as relu plusieurs années après, et cette fois, tu as pu le terminer, non sans avoir versé quelques larmes et poussé quelques cris de colère.

Epoustouflant. A lire ! On se sent tellement vivant après ces quelques centaines de pages pleines de chemins nouveaux, de personnages incroyables, poétiques, profonds, terrifiants, attachants...

 Tome 3 : Le Miroir d'Ambre

Quatrième de couverture :

Lyra, l’héroïne des Royaumes du Nord et de La tour des anges, est retenue prisonnière par sa mère, l’ambitieuse et cruelle Mme Coulter qui, pour mieux s’assurer de sa docilité, l’a plongée dans un sommeil artificiel. Will, le compagnon de Lyra, armé du poignard Subtil, s’est lancé à sa recherche, escorté de deux anges, Balthamos et Baruch. Avec leur aide, il parviendra à délivrer son amie. Mais, à son réveil, Lyra lui annonce qu’une mission encore plus périlleuse les attend : ils doivent descendre dans le monde des morts.

 Mon avis

Ce troisième tome de la trilogie A la Croisée des Mondes donne tout leur sens aux tomes précédents. Cerise sur le gâteau, il apporte enfin des réponses aux nombreuses interrogations soulevées auparavant, et les héros voient leurs destins aboutir. De nouveaux personnages, de nouveaux mondes, et toujours des visions totalement innovantes, avec l'expérimentation d'une forme de vie résolument différente de la nôtre, celle des étonnants Mulefas, et puis un voyage initiatique vers un monde des morts vraiment particulier, sur fond de guerre inter-espèces menée par les adultes. Le Magisterium et ses idées bien arrêtées sont ici à leur crépuscule, comme de nombreux personnages d'ailleurs.

C'est plus qu'une histoire, c'est l'Histoire avec un grand H. Essoufflé, le lecteur sort de cette trilogie avec l'impression d'avoir découvert le sens de la vie et d'avoir laissé derrière lui, piégés au fond de ces centaines de pages, tous les complexes qui encombraient son chemin. On pleure, on rit, on découvre, et on en ressort vidé, épuisé, mais époustouflé.

Une ôde à la vie. Pure. Magnifique.